
À moins de deux mois des législatives du 27 septembre, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) tangue dangereusement au bord du précipice. Englué dans un bras de fer judiciaire aux allures de guerre de succession, le parti fondé par Omar Bongo risque tout simplement de ne pas pouvoir présenter de candidats. L’arbitre ultime ? La Cour constitutionnelle, encore silencieuse. Le temps presse. L'étau se resserre. Et le PDG joue sa survie.
La scène frôle l’absurde. D’un côté, Angélique Ngoma, secrétaire générale intérimaire nommée dans le cadre du directoire provisoire mis en place en mars 2024. De l’autre, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, désigné en mai 2025 par… Ali Bongo Ondimba lui-même, pourtant officiellement retiré de la vie politique depuis septembre 2024.
Ce dernier, accusé d’usurpation de qualité, est sommé de cesser d’utiliser le nom et les attributs du PDG. Mais son avocat, Me Francis Nkea, a flairé la faille : un flou juridique dans les textes de désignation des dirigeants du parti. Il s’en empare pour gagner du temps et semer encore plus le chaos.
Le tribunal, saisi en référé, botte en touche. La balle est désormais dans le camp de la Cour constitutionnelle. Résultat : le PDG est paralysé, incapable de fonctionner, incapable même de désigner officiellement ses candidats. L’échéance électorale approche à grande vitesse, mais le parti, lui, est à l’arrêt.
Le danger est clair : cette situation de bicéphalisme pourrait bien déclencher l'article 64 de la loi sur les partis politiques, qui autorise le ministère de l’Intérieur à suspendre toute formation en proie à une crise de leadership manifeste.
Autrement dit : si la Cour constitutionnelle ne tranche pas très vite, le PDG pourrait être purement et simplement écarté de la compétition électorale. Une humiliation politique d’une ampleur inédite. Pour un parti qui a dominé le pays pendant plus de 50 ans, ce serait une descente aux enfers brutale… mais peut-être logique, au vu de l’état de décomposition interne.
Ce qui choque, au-delà des procédures, c’est le silence sidérant du PDG lui-même. Pas de message unificateur, pas de ligne claire, pas de sortie de crise annoncée. Chacun défend son pré carré, pendant que l’édifice s’effondre. Le PDG ne semble plus dirigé, mais squatté.
Et pendant ce temps, les autres partis se frottent les mains. Car l’absence du PDG aux législatives redessinerait radicalement la carte politique du pays, ouvrant des brèches inédites pour les forces émergentes. Ce qui se joue ici, c’est plus qu’un combat d’égos : c’est peut-être la fin d’un cycle politique.
Reste à savoir si la Cour constitutionnelle, récemment recomposée, acceptera de trancher vite et fort ou si elle choisira la prudence, au risque de laisser pourrir la situation. Une chose est certaine : plus l’attente dure, plus la non-participation du PDG devient inévitable.
Dans cette affaire, ce n’est plus une simple bataille de clans. C’est un effondrement sous nos yeux. Et à moins d’un miracle juridique, le PDG pourrait bien rater son rendez-vous avec l’Histoire.
Pour La Une Woleuntemoise
Une professionnelle des médias engagés, opérant principalement en tant que reporter d’images pour la plateforme régional La Une Woleu-Ntemoise, une plateforme de communication axée sur l’actualité du Woleu-Ntem et du Gabon en général. En tant que correspondante, elle joue un rôle clé dans la collecte, la couverture et la diffusion d’informations visuelles.
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