
À Oyem, certaines écoles primaires ont tellement perdu leur vocation qu’on ne sait plus si on doit les appeler établissements scolaires ou carrefours publics. L’École d’Application d’Oyem (EPO), l’École Que J’aime de Mekaga, l’École publique de Methui et l’École Saint-Éloi partagent toutes le même standing : pas de clôture, pas de toilettes, des classes ouvertes aux quatre vents.
Résultat ? Le jour, elles abritent les élèves. La nuit, elles se transforment en toilettes publiques pour passants pressés, en fumoirs pour les adeptes du chanvre indien, et parfois même en salons de causerie improvisés. Un vrai concept d’écoles polyvalentes, gratuites et ouvertes à tous… sauf qu’on parle ici d’enfants censés apprendre dans un minimum de dignité.
Les portes des salles de classe ? Elles ne se ferment plus. Les cours d’école ? Elles n’ont plus de limites. On dirait des terrains vagues déguisés en institutions scolaires. Comme si, à Oyem, le slogan caché était devenu : “Ici, l’éducation est libre… et l’accès aussi !”
Mais ce qui choque encore plus, c’est le silence lourd de la Direction Académique Provinciale du Woleu-Ntem. À croire que la situation est devenue une normalité administrative : voir des gosses exposés sans protection, apprendre dans des salles qui sentent l’urine, se mélanger malgré eux aux fumeurs nocturnes. On ferme les yeux, on signe les rapports, et on continue à parler de “l’école de l’excellence” dans les beaux discours.

Soyons sérieux : comment bâtir une génération solide quand on n’est même pas capable de leur offrir des murs solides ? Comment exiger des résultats brillants à des enfants qu’on laisse apprendre dans des conditions aussi minables ?
À Oyem, les populations observent, se plaignent, mais n’attendent plus grand-chose de ceux qui doivent agir. Pourtant, la demande est simple comme bonjour : clôturez les écoles, construisez des toilettes, et sécurisez les classes. Avant de rêver de réformes, d’excellence et d’écoles numériques, il faudrait déjà commencer par ça : empêcher qu’une salle de classe devienne la pissotière officielle du quartier.

Pour La Une Woleuntemoise NGOUA GROSJEAN
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