
Mitzic, le 29 juillet 2025
La scène est aussi douloureuse qu’elle est révélatrice des maux silencieux qui rongent notre système éducatif. Monsieur ZOMO EVOUNA Martial, enseignant de mathématiques au Lycée Moïse NKOGHE MVE de Mitzic, lutte actuellement pour sa vie, placé sous oxygène en soins intensifs depuis deux semaines, d’abord à l’hôpital canadien d’Oyem, puis, depuis ce dimanche 27 juillet, transféré dans un état critique au CHU de Libreville.
Ce professeur, apprécié tant par ses collègues que par ses élèves pour sa rigueur et son dévouement, a été victime d’un malaise brutal à la suite de la délibération du premier tour du baccalauréat 2025 à Oyem, où il officiait comme correcteur officiel. Une complication cardiologique aiguë a précipité son effondrement, conduisant à une prise en charge médicale en urgence.
Depuis lors, il est resté sous assistance respiratoire, incapable de communiquer, dans une situation jugée critique par le corps médical. L’alerte a été donnée par ses proches, aujourd’hui désemparés face à une montée vertigineuse des frais médicaux, et une absence totale de soutien institutionnel concret.
C’est dans ce contexte alarmant que le syndicat COLOMBE, regroupant de jeunes enseignants engagés pour la cause éducative en zone rurale, est monté au créneau. Par la voix de ses
représentants, il interpelle directement Madame le Ministre de l’Éducation Nationale, mais aussi les plus hautes autorités de la République : jusqu’à quand laisserons-nous les enseignants de l’arrière-pays affronter seuls des drames aussi lourds ?

« Monsieur ZOMO est tombé en mission de service public. Il s’est effondré dans le cadre de ses fonctions. Où est l’État ? Où est la solidarité nationale qu’on nous promet dans chaque discours officiel ? », s’interroge un responsable syndical visiblement affecté.
Au-delà du cas de M. ZOMO, c’est toute une problématique systémique qui refait surface. Les enseignants en province, souvent livrés à eux-mêmes, assurent la continuité pédagogique dans des conditions précaires, avec peu de reconnaissance, un accès limité aux soins, et aucune structure d’urgence en cas de crise.
La situation est d’autant plus intolérable qu’elle met à nu les failles béantes de la couverture sociale des agents publics. Comment expliquer qu’un enseignant fonctionnaire, malade dans l’exercice de ses fonctions, doive dépendre des collectes improvisées de ses collègues ou du bon vouloir d’inconnus pour survivre ?
Le syndicat COLOMBE appelle ainsi à :
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La prise en charge immédiate et complète des soins de Monsieur ZOMO par l’État.
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La mise en place d’un fonds d’urgence pour les agents de l’éducation en situation critique.
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Une réforme de la couverture santé des enseignants, notamment dans les zones éloignées.
Une mobilisation citoyenne s’organise parallèlement sur les réseaux sociaux, avec des appels aux dons et des messages de soutien de la part d’anciens élèves, de collègues et de figures de la société civile. Le hashtag #SoutenonsZomo a commencé à circuler sur X (ex-Twitter) et Facebook.
Car il ne s’agit pas seulement de sauver un homme : il s’agit de défendre la dignité de toute une profession.
« Les enseignants ne demandent pas de traitement de faveur. Ils demandent simplement à ne pas être oubliés. À ne pas être sacrifiés sur l’autel de la négligence », conclut un autre membre du bureau du syndicat.
Dans l’attente d’une réponse concrète des autorités, le syndicat COLOMBE continue de porter haut la voix de ceux qu’on n’entend jamais, et invite chacun, citoyen comme institution, à un sursaut de conscience.
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