Au-delà des Mythes : L'École Privée Catholique Saint Jean-Baptiste de Medouneu Appelle à une Solidarité Renouvelée

Publié le 16 juillet 2025 à 00:30

Medouneu, Gabon - L'histoire de l'École Privée Catholique Saint Jean-Baptiste de Medouneu dépasse celle d'une simple infrastructure éducative. Elle incarne un rêve, une vision et une mobilisation communautaire intense, aujourd'hui confrontés aux défis de l'inachèvement et des attentes mal comprises. Ce récit est avant tout celui d'un engagement profond et d'un appel à la responsabilité collective.

Au commencement de cette aventure éducative se trouvait le père Gilles Sillard, missionnaire spiritain, dont la vision de l'évangélisation était intrinsèquement liée au développement humain. Animé par un désir ardent d'offrir une éducation digne aux enfants de la région de Medouneu, le père Sillard avait su, par son charisme et sa détermination, mobiliser l'ensemble de la population locale. Son approche était pragmatique : il vendait à Libreville les produits issus des efforts des parents de Medouneu, et les fonds récoltés servaient à acquérir le matériel nécessaire à la construction des écoles et des églises. L'ambition était grande, avec même le projet d'un établissement secondaire en perspective.

Cependant, un tragique accident de circulation a brutalement mis fin à l'élan de ce missionnaire. Si le gros œuvre de l'école a pu être réalisé avant ce drame, la construction n'a jamais été achevée dans sa totalité. Plus tard, une lueur d'espoir est apparue lorsqu'une famille d'anciens élèves a courageusement tenté de relancer les travaux, 

mais cette initiative, louable, n'a malheureusement pas abouti à la finalisation du chantier, le laissant une fois de plus en suspens.

À cette série de malchances se sont ajoutés d'autres facteurs aggravants : l'enclavement géographique persistant de Medouneu, l'exode rural massif qui a vidé la région d'une partie de sa jeunesse, la baisse significative du nombre d'élèves, et l'impact inévitable de la nature sur des bâtiments exposés à une pluviométrie abondante. Le résultat est aujourd'hui une école en déclin, des locaux délabrés, et un sentiment d'abandon perceptible au sein de la communauté.

Face à ce constat, des interrogations légitimes, bien que parfois basées sur des incompréhensions, s'élèvent au sein de la population. Des voix demandent : "Que fait la Mission Catholique ? Où va l’argent des quêtes ? Pourquoi le Vatican, si riche, ne fait-il rien ?" Ces questions, reflets d'un malaise certain, reposent souvent sur une idée reçue qu'il est essentiel de déconstruire.

Il est primordial de clarifier cette perception : Non, le Vatican n’est pas une banque mondiale de l’Église. Bien que le Vatican soit un État, son budget annuel est, en réalité, modeste au regard de l'ampleur de ses missions. Ces fonds sont principalement alloués au fonctionnement de ses services administratifs et pastoraux, à ses œuvres de charité à travers le monde, à ses missions diplomatiques, et à l'entretien de son inestimable patrimoine historique et artistique.

La véritable "richesse" de l'Église n'est pas un trésor caché à Rome, inaccessible et illimité. Elle repose fondamentalement sur la solidarité des chrétiens, sur les dons volontaires, les legs, et les engagements locaux des fidèles. Les paroisses et les institutions religieuses à travers le monde vivent des quêtes dominicales, des offrandes des croyants, et des actions de charité menées à l'échelle locale. Le Vatican, de par sa structure et ses ressources, ne subventionne pas directement et de manière systématique les écoles paroissiales ou les projets locaux de cette nature à travers le monde. Croire que Rome doit venir financer la réhabilitation d'une école à Medouneu est, par conséquent, un #faux_espoir, et cela peut devenir, involontairement,

une excuse facile pour se déresponsabiliser de l'action locale.

Le devenir de l'école Saint Jean-Baptiste de Medouneu ne dépend pas d'un secours providentiel extérieur, mais avant tout de l'engagement des forces vives de la communauté elle-même. Si le Concordat entre le Saint-Siège et l’État gabonais reconnaît les écoles catholiques comme établissements d’utilité publique, cette reconnaissance ne saurait en aucun cas se substituer à la responsabilité et à l'initiative locales.

Au lieu de chercher des coupables ou d'attendre un financement lointain, il est temps d'inverser la perspective et de s'interroger collectivement : "Que puis-je faire pour cette école ? Que pouvons-

nous faire ensemble ?" Et si les anciens élèves, les parents d'élèves actuels, la communauté chrétienne locale et tous ceux qui portent Medouneu dans leur cœur, se mettaient ensemble pour envisager et orchestrer sa réhabilitation ?

L'histoire et l'esprit du père Sillard nous rappellent avec force que l'Église, dans sa mission d'évangélisation et de développement humain, se construit avant tout par l'effort conjugué, la foi et l'engagement concret des hommes et des femmes sur le terrain. L'éveil des consciences commence précisément par là : cessons de croire aux mythes et commençons à agir. Medouneu mérite mieux que des critiques faciles ou des illusions sur un Vatican "riche" qui viendrait tout régler. Ce que le père Sillard a commencé avec courage et abnégation, il appartient à la communauté locale de le continuer avec responsabilité et solidarité.

Pour La Une Woleuntemoise

MENGUE OVONO Line-Caddy

Une professionnelle des médias engagés, opérant principalement en tant que reporter d’images pour la plateforme régional La Une Woleu-Ntemoise, une plateforme de communication axée sur l’actualité du Woleu-Ntem et du Gabon en général. En tant que correspondante, elle joue un rôle clé dans la collecte, la couverture et la diffusion d’informations visuelles.


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