
Dans le village de MBASS, situé en plein cœur du Haut-Ntem, au Gabon, l’eau potable semble être un mythe. Pas de forage, pas de pompe, pas de réseau. Juste des marigots boueux, des seaux, et une bonne dose de résignation. Pendant que certaines régions rivalisent d’innovations technologiques, ici, on réinvente la préhistoire à pied, en file indienne, direction la source la plus douteuse du coin.
Pendant ce temps, dans les couloirs climatisés des administrations, le mot “urgence” semble avoir perdu tout son sens. Il faut dire que tant que les robinets coulent à Libreville ou dans les villes, le reste du pays peut bien se débrouiller avec des calebasses et des prières.
L’eau insalubre, c’est la routine à MBASS. Les diarrhées, les maladies de peau et autres joyeusetés ne sont plus des problèmes de santé : ce sont presque des traditions locales. À quand une inscription au patrimoine culturel immatériel ?
L’ironie ? Ce n’est pas faute d’avoir alerté. Les courriers ont été envoyés, les cris lancés, les chefs de village mobilisés. Mais visiblement, MBASS ne figure pas sur la carte des priorités nationales. Peut-être qu’il faudrait y organiser une conférence internationale sur « la résilience par la soif » pour espérer capter l’attention.
Dans un pays riche en ressources, où les discours officiels évoquent « développement durable », « bien-être des populations », et « justice sociale », il est fascinant de voir à quel point un besoin aussi basique
que l’eau potable peut être ignoré avec autant de constance.
À MBASS, on ne demande pas la lune, ni même une usine de traitement dernier cri. Juste un peu d’eau propre. Mais apparemment, c’est déjà trop demander.


Ajouter un commentaire
Commentaires