Medouneu désormais en territoire équato-guinéen d'après une mise à jour du géant Google

Publié le 19 mai 2025 à 21:57

Ce 19 mai restera dans les annales... ou du moins dans nos alertes Google. À peine la Cour internationale de justice (CIJ) avait-elle sorti son fameux verdict sur le différend insulaire entre le Gabon et la Guinée équatoriale, que la planète numérique, elle, a décidé de jouer les cartographes improvisés. Et paf ! Médouneu, tranquille localité gabonaise du nord, a fait un saut digital en territoire équato-guinéen. 

Dans les faits  les vrais, pas ceux de Google Maps  la CIJ a bel et bien tranché. Les îles de Mbanié, Cocotiers et Conga sont désormais officiellement équato-guinéennes. Le Gabon, qui tenait bon depuis des décennies, a été prié de remballer ses drapeaux. Les juristes ont sorti les vieux papiers coloniaux de 1900 et ont donné raison à Malabo, au détriment d’un accord signé à Bata en 1974… dont l’original semble s’être évaporé comme une subvention non traçable.

Mais attention ! À aucun moment Médouneu n’a été citée dans cette histoire. Médouneu, c’est le pays, c’est le Woleu-Ntem, c’est le "septentrion sérieux". Et pourtant, selon le géant Google, Médouneu aurait traversé la frontière sans visa, sans passeport, sans même dire "au revoir" à Libreville.

Ah Google ! Ce géant qui, visiblement, décide des frontières comme un chef de quartier partage les terrains de foot. Ce n’est pas la première fois que les plateformes numériques déplacent des territoires comme on déplace une natte à la veillée. Mais là, ça frise l’abus. Médouneu, ville gabonaise reconnue, a été digitalement kidnappée sans tambour ni trompette.

À ce rythme, il faudra peut-être demander à Sundar Pichai (PDG de Google) s’il a aussi prévu une mise à jour où Oyem devient un arrondissement de Mongomo ? Ou si Franceville sera rattachée à la République du Congo lors de la prochaine version bêta ?

Certains esprits taquins murmurent déjà : "Et si Google voulait juste nous faire passer un message que nous-mêmes on refuse de lire ?". D’autres, plus terre à terre, évoquent une erreur de géolocalisation classique dans les zones frontalières. Mais même là, ça fait désordre. Quand la technologie commence à jouer aux géopoliticiens du dimanche, il est peut-être temps que les États reprennent la main.

Et au passage, chers technocrates du numérique, un conseil "à la gabonaise" : "On ne mélange pas les casseroles avec les malles de deuil." Médouneu n’est pas une île flottante. C’est un coin bien solide du Gabon, avec ses cases, son sous-préfet, ses silures et son histoire.

Que ce soit en mer ou sur les cartes numériques, le Gabon doit rester vigilant. Après les îles, voici les villes. Et demain ? Les départements ? Les provinces ? On ne sait jamais, avec une mauvaise synchronisation, on pourrait se réveiller et découvrir que Libreville a migré vers Douala. 

Pour l’instant, Médouneu est toujours bien gabonaise. Mais une chose est sûre : dans ce monde où les frontières sont redessinées par des clics et des algorithmes, il faudra surveiller autant les cartes… que les cartographes.

NGOUA GROSJEAN 

Expert en communication, diplômé en sciences de la communication et du langage. Passionné par le web journalisme, je crois en la puissance du numérique pour informer et analyser avec précision.


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