La plateforme Ensemble pour le Gabon priée de quitter Mitzic par le procureur de la République

Publié le 13 février 2025 à 14:36

Le 12 février, la situation à Mitzic, dans le département de l’Okano, a pris un tournant décisif alors que la délégation de la plateforme politique Ensemble pour le Gabon est arrivée dans cette localité pour tenir une réunion publique. Un climat de tension a rapidement envahi la ville après l'incident survenu la veille, lorsque des manifestants, visiblement politisés, ont pris d'assaut l'hôtel où résidaient les membres de la plateforme. Cette escalade a conduit le procureur de la République d’Oyem à intervenir, demandant aux responsables de la délégation de quitter la ville.

Le procureur, accompagné de deux agents des forces de défense, a fait le déplacement à Mitzic ce matin pour rencontrer la délégation d'Ensemble pour le Gabon. Selon les déclarations de Stéphane Germain Iloko, membre de la délégation, ce dernier aurait tenu un discours fermement dissuasif, sans garantir la sécurité de l'équipe. "La réunion a eu lieu, le procureur est venu à Mitzic, il ne garantit pas notre sécurité et donc nous suggère de rebrousser chemin", a expliqué Iloko au téléphone. Le climat sur place s’est intensifié avec la présence de groupes armés, armés de fusils et d’armes blanches, qui 

ont multiplié les menaces à l’encontre des membres de la délégation.

Dans le même temps, l’étape de la tournée prévue à Oyem a également été annulée, une décision qui n’a fait qu’alimenter les tensions. Le comité d’organisation d’Ensemble pour le Gabon, qui avait réservé un espace pour tenir un meeting dans la ville, a appris que le propriétaire du lieu avait renoncé à l’accord, invoquant des menaces reçues. "Notre comité d’organisation à Oyem s’est vu notifier par le propriétaire de l’espace que nous avons réservé qu’il renonce à notre offre car il assure avoir reçu des menaces", a précisé Stéphane Germain Iloko. Face à ce refus, la plateforme politique a dû improviser et organiser la réunion dans une concession privée. Mais même cette solution a été entravée par l’intervention des forces de l’ordre. Selon des témoignages, la Gendarmerie nationale aurait pénétré dans la concession, saisissant les chaises et équipements prévus pour l’événement.

Sous cette pression constante, le mouvement d’opposition a pris la décision de mettre fin à son périple dans la région. Lors d’une réunion de crise, la plateforme Ensemble pour le Gabon a annoncé l’annulation de toutes les rencontres publiques prévues dans le département du Woleu-Ntem. "C’est en responsabilité que nous avons unanimement décidé de rentrer sur Libreville. Nous ne souhaitons pas mettre en danger la sécurité des membres de la délégation, ni entraîner le pays dans le chaos", a déclaré Stéphane Germain Iloko. Cette décision met un terme à une tournée marquée par des tensions croissantes, alimentées par des acteurs politiques et des groupes manifestement hostiles.

L'annulation de ces réunions publiques soulève une question importante : quel est le degré de tolérance de la société gabonaise vis-à-vis des expressions politiques divergentes ? Les événements survenus à Mitzic et Oyem témoignent d'un climat politique particulièrement tendu, où la liberté de réunion semble mise à mal. Le rôle des autorités, en particulier celui de la justice, apparaît crucial pour préserver l'ordre public tout en garantissant le droit à la liberté d'expression, droit fondamental dans une démocratie. Les responsables de la plateforme Ensemble pour le Gabon ont d’ailleurs exprimé leur inquiétude face à la répression croissante de leurs activités politiques, qu'ils perçoivent comme une tentative de museler l’opposition.

Ce nouvel épisode dans l’Okano s’ajoute à une longue liste d’incidents similaires qui ponctuent la campagne politique au Gabon. Si l’opposition dénonce ce qu’elle qualifie d’intimidation et de répression, les autorités, quant à elles, justifient souvent ces actions par la nécessité de maintenir l’ordre et la sécurité. Le contexte politique dans lequel se déroulent ces événements interpelle : alors que les élections se profilent à l’horizon, la situation actuelle semble poser de sérieuses questions sur la transparence et l’équité du processus électoral, ainsi que sur la liberté de la société civile à s’exprimer sans crainte de répression.

La journée de ce 13 février marque ainsi un nouveau tournant dans la situation politique du pays, alors que la plateforme Ensemble pour le Gabon se voit contrainte de revoir ses stratégies face à un contexte de plus en plus complexe. L’avenir proche pourrait s’avérer décisif pour la stabilité politique du Gabon, et la manière dont les autorités traiteront ces tensions sera un indicateur clé de la direction que prendra la gouvernance du pays dans les mois à venir.


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