
L’espace démocratique au Gabon est-il en train de se refermer sous la transition en cours ? La récente interdiction d’une réunion publique de la plateforme Ensemble pour le Gabon (EPG), dirigée par l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, par le Délégué spécial en charge de la gestion de la commune d’Oyem, Jean Christophe Owono Nguema, ravive le débat sur la liberté de réunion et d’expression dans le pays.
Dans un courrier référencé n°010/PWN/CO/CAB.D.S., le Délégué spécial d’Oyem a rejeté la demande d’EPG d’organiser une réunion publique prévue le 13 février. L’argument avancé : l’absence de signatures d’au moins trois organisateurs sur la déclaration, comme l’exigerait la loi n°001/2017 sur les réunions publiques. Une décision perçue par certains comme une entrave à la liberté d’expression, surtout dans un contexte où les nouvelles autorités ont promis plus d’ouverture et de transparence.
Cette loi, adoptée sous l’ancien régime du Parti démocratique gabonais (PDG), avait été vivement critiquée par l’opposition, qui y voyait un moyen de restreindre les manifestations et rassemblements
publics. Son application aujourd’hui, sous un pouvoir censé rompre avec les pratiques du passé, suscite donc des interrogations.
L’interdiction de cette réunion publique rappelle certaines pratiques du régime Bongo-PDG, où les manifestations de l’opposition faisaient régulièrement l’objet d’interdictions administratives. Or, depuis son arrivée au pouvoir après le coup d’État du 30 août 2023, le président de la Transition, le Général Brice Oligui Nguema, a multiplié les déclarations en faveur du respect des libertés fondamentales.
D’ailleurs, le chef de l’État a, à plusieurs reprises, rencontré des figures politiques opposées à son action, illustrant une volonté d’ouverture. L’attitude du Délégué spécial d’Oyem semble donc en décalage avec cette dynamique, donnant l’impression d’un retour à des réflexes autoritaires qui avaient marqué la gouvernance précédente.

Cette affaire pose un défi à l’actuel gouvernement de transition : tenir ses engagements en matière de démocratie et de respect des droits fondamentaux. Si la loi doit être respectée, son application ne saurait être perçue comme un moyen de restreindre le pluralisme politique, surtout dans un contexte de transition où la crédibilité des nouvelles autorités est en jeu.
L’opposition et la société civile observeront avec attention la suite de cette affaire, qui pourrait constituer un test important pour les ambitions démocratiques affichées par le pouvoir en place. À l’heure où le Gabon aspire à une nouvelle ère politique, les autorités devront veiller à ce que l’histoire ne se répète pas.

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